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Quand la déprime se transforme en dépression
 

Catherine était une employée modèle qui assumait à la perfection son rôle d'adjointe au vice-président d'une firme prestigieuse de services-conseils. Un an après le décès de sa mère, elle s'est mise à ressentir une fatigue constante au travail et à se réveiller la nuit.

Son patron trouvait qu'elle devenait très désordonnée et accomplissait peu de travail. À sa suggestion, elle a consulté son médecin au sujet de problèmes digestifs sérieux. Cependant, malgré les médicaments qui auraient dû soulager ses maux d'estomac, ceux-ci ont persisté. Elle avait tendance à pleurer au travail et se critiquait en des termes extrêmement défaitistes.

Un soir, alors que Catherine travaillait tard, son patron l'a trouvée cachée sous son pupitre, en larme et épouvantée.

Il s'est avéré que Catherine souffrait d'une forme sévère de dépression non diagnostiquée, laquelle a finalement été traitée au PAE, en consultation avec son nouveau médecin de famille et un psychiatre.

Même les spécialistes hésitent à diagnostiquer une dépression, car la plupart des gens souffrent de déprime de temps à autre. Par conséquent, comme c'est le cas pour tout trouble mental, il faut prendre soin de ne pas tirer de mauvaises conclusions.

Cependant, les problèmes émotionnels traités au PAE ou par d'autres organismes de counseling sont en hausse, tout comme le nombre de clients sous antidépresseur traités en psychiatrie. Il est donc inévitable de trouver en milieu de travail des employés souffrant de dépression, et certains d'entre eux pourraient même ne pas obtenir le soutien dont ils ont besoin.

Voici des comportements pouvant signaler qu'une personne souffre de dépression :

  • se replie sur lui-même de manière inhabituelle et cesse de communiquer;
  • semble n'éprouver aucune émotion et s'exprime de façon monocorde;
  • devient moins productif (pourrait avoir de la difficulté à se concentrer et à maintenir une attention constante);
  • manifeste de la léthargie (pourrait sembler semi-éveillé à son poste de travail)
  • semble de plus en plus inquiet et anxieux (il arrive que les gens soient surexcités et ne cessent de parler);
  • son apparence laisse de plus en plus à désirer;
  • s'absente du travail de façon sporadique;
  • se plaint de maux, de douleurs et de troubles digestifs;
  • exprime des idées bizarres qui suggèrent qu'il a perdu le sens des réalités;
  • se critique de façon excessive;
  • exprime des pensées suicidaires qui sont parfois très évidentes et parfois plus vagues, par exemple, " J'aurais aimé ne pas me réveiller ce matin! " Bien que ces symptômes signalent d'autres problèmes, ils suggèrent que la personne a besoin d'aide. Il faut avant tout être conscient qu'un comportement nouveau et différent se manifeste.

Il y a lieu de croire qu'une perte ou un deuil se situerait au cour même de la dépression et certains affirment que la dépression est utile en ce sens qu'elle permet à une personne de s'adapter, de se reprendre en main et de poursuivre son rétablissement émotionnel.

Pour que la dépression soit identifiée comme étant sévère, ses symptômes doivent être plus intenses et comprendre un ralentissement général de l'activité mentale et physique. La personne touchée par la dépression est moins portée à avoir des activités sociales et le travail exige de sa part un effort énorme. Elle a l'impression que sa vie est un échec et qu'elle est une nullité. Le manque d'intérêt face à la vie en général pourrait avoir pour effet une réduction de l'appétit et donc une perte de poids.

Chez les personnes déprimées, le risque de suicide est élevé. Près de 80 pour cent des personnes qui se sont suicidées avaient souffert d'une forme de dépression et, évidemment, l'alcool ou les substances chimiques psychotropes augmentent ce risque.

Les signes précurseurs sont souvent camouflés et, en réalité, il pourrait n'y avoir aucun élément déclencheur. Bien que la fréquence des tentatives de suicide soit à peu près la même chez les hommes et les femmes, les hommes sont cinq fois plus sujets à mener leur tentative à terme. La fréquence de la dépression est plus élevée dans les années d'activité maximale. Une étude récente du Groupe Shepell portant sur ses données à ce sujet révèle que les problèmes personnels/émotionnels ont augmenté de 47 pour cent au cours des quatre dernières années. Il est clair qu'un bon soutien au travail et dans le milieu familial accroît les chances de rétablissement. Toutes les méthodes de traitement (médicaments, counseling de courte durée, psychothérapie de longue durée) sont plus efficaces lorsque ce soutien essentiel est présent.

Les employés ont vraiment besoin d'un appui. Il est nécessaire de le mentionner, ne serait-ce qu'en raison du fait que les employés déprimés sont parfois catalogués par erreur comme étant des personnes apathiques qui se fichent de tout.

Voici une démarche pouvant aider à la fois la personne souffrant de dépression et son environnement de travail :

  • Assurez-vous que les employés connaissent l'existence de tout service de counseling et autres avantages offerts par l'employeur.
  • Établissez un environnement d'entraide entre les collègues. Si un employé mentionne à un collègue qu'il est stressé, qu'il souffre de problèmes de santé ou qu'il se sent déprimé, celui devrait encourager l'employé à faire appel à l'aide qui lui est offerte.
  • Assurez-vous que les gestionnaires appuient un employé qui souffre probablement de stress et de dépression. Un employé qui se sent soutenu cherchera davantage à obtenir de l'aide.
  • S'il y a une baisse de rendement, celle-ci devrait faire partie de la discussion.
  • Assurez-vous que des règles de sécurité soient instaurées, dans l'éventualité où la personne dépressive présenterait un risque pour elle-même ou d'autres personnes occupant des postes critiques pour la sécurité. En d'autres mots, une personne souffrant d'une dépression sévère ne devrait pas demeurer dans un poste critique pour la sécurité, et ce, jusqu'à ce qu'elle ait subi une évaluation clinique.

Les employés souffrant de l'un des symptômes mentionnés précédemment devraient être encouragés à recevoir l'aide de leur PAE, s'il y a lieu, ou d'un médecin, ou les deux.

Les stratégies les plus efficaces sont souvent les plus simples; alors, résistez à la tentation de jouer au conseiller. Exprimez votre inquiétude et encouragez l'employé à consulter au PAE.

Votre PAE devrait fournir ce qui suit :

  • Une facilité d'accès et des procédures d'accueil mises en ouvre par des cliniciens détenteurs d'une maîtrise; pour les employés en situation de crise, accès à un conseiller la journée même.
  • Une intervention de référence dirigée lorsqu'il existe un problème de rendement.
  • Des systèmes d'évaluation permettant de déceler auprès de chacun des clients les risques de suicide, dont les symptômes sont rarement apparents.
  • Des conseillers cliniques spécialisés dans la détection de la dépression et du risque de suicide. Le suicide est une complication létale de la dépression; même une personne légèrement dépressive pourrait parfois attenter à sa vie. Un PAE devrait aussi fournir à son personnel une formation périodique interne en évaluation et prévention du suicide, tout comme la formation en RCR que le personnel ambulancier doit recevoir à intervalles réguliers.
  • Des psychiatres consultants, disponibles pour consultation dans les dossiers difficiles ou pour effectuer des évaluations urgentes à court préavis.
  • Pour les responsables des ressources humaines et autres gestionnaires, facilité d'accès à de la consultation auprès de directeurs cliniques sur la façon de gérer des situations particulièrement délicates en milieu de travail.
  • Une approche systémique qui démontre la volonté d'impliquer d'autres membres de la famille. Le conjoint et les enfants sont souvent affectés par les sentiments qu'éprouve une personne dépressive et devraient faire partie du processus de rétablissement.
  • Des interventions en milieu de travail, afin d'aider les équipes de gestion et les employés à composer avec des transitions particulièrement difficiles.

Un traitement efficace peut certainement réduire la durée de la dépression, même lorsqu'elle se manifeste sous sa forme la plus sévère. De nombreux traitements ont démontré leur efficacité, y compris le counseling de courte durée, la psychothérapie de longue durée et les médicaments.

Un bon soutien en milieu de travail et un PAE efficace ne peuvent que contribuer à aider un employé aux prises avec la dépression.

 
 
 
Journée mondiale de la santé mentale :
le 10 octobre 2006
 
Semaine de sensibilisation aux maladies mentales :
du 1er au 7 octobre 2006
 
Semaine de la santé au travail :
du 23 au 29 octobre 2006
 
 
 
 
 
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