Imaginez que vous entrez dans la cuisine. Vous venez de finir de souper, alors
le comptoir est un peu en désordre : il y a quelques
assiettes sales empilées, des miettes de pain
tombées de la planche de travail et des éclaboussures
de nourriture laissées par la cuiller à
mélanger. Si vous êtes comme la plupart
des gens, même si ce désordre vous dérange
un peu, vous allez probablement le nettoyer et l'oublier.
Mais que se passerait-il si vous ne pouviez pas oublier,
si l'image du comptoir sale vous poursuivait au point
de vous rendre malade?
Cette situation est une douloureuse réalité
pour les personnes souffrant d'un trouble obsessionnel
compulsif (TOC).
Le TOC est une maladie qui entraîne chez ses
victimes - environ une personne sur 40 ou près
de 2,5 pour cent de la population - des pensées
obsessives, parfois étranges et dérangeantes.
Celles-ci s'accompagnent d'une série d'actes
rituels ou compulsions. Les types d'obsessions peuvent
varier, mais la propreté, la symétrie
et l'ordre ainsi que la nourriture sont les plus courants.
Plusieurs des victimes de cette maladie sont des perfectionnistes
pour qui toutes les surfaces doivent être absolument
d'une grande propreté ou tous les objets rangés
exactement comme ils le devraient. La crainte de perdre
quelque chose d'important pourrait se traduire par une
longue accumulation d'objets inutiles. De plus, plusieurs
d'entre elles inventeront des rituels élaborés
pour accomplir des gestes quotidiens tels ouvrir une
porte ou se laver les mains.
Contrairement aux maladies impliquant une dépendance
telle que l'alcoolisme, le jeu ou la toxicomanie, les
victimes du TOC ne tirent aucun plaisir de leurs gestes
compulsifs. Elles diront souvent que c'est comme gratter
une démangeaison - une chose qu'elles doivent
faire pour soulager un problème tenace. Et, bien
qu'elle puisse procurer un soulagement temporaire, une
compulsion finit toujours par gruger tellement de son
temps que la victime n'arrive plus à vivre une
vie « normale » et tranquille.
Quelles sont les causes du TOC?
Bien que personne ne comprenne vraiment les causes
exactes de cette maladie, les scientifiques savent que
les patients affectés par un TOC n'arrivent pas
à faire passer l'information du devant du cerveau
aux zones plus profondes responsables des gestes répétitifs.
La quantité de sérotonine, un messager
chimique qui aide à transmettre l'information
aux différentes parties du cerveau, est habituellement
plus faible chez les victimes du TOC que dans la population
en général. La recherche suggère
aussi que les enfants qui ont eu une infection streptococcique
de la gorge courent un plus grand risque de souffrir
de ce trouble.
Le TOC peut avoir une origine génétique
: si un membre de la famille en souffre, ses proches
parents ont une chance sur 25 de développer la
maladie. Celle-ci, habituellement déclenchée
par une situation de stress ou un événement
s'étant produit au cours de l'adolescence ou
de la première enfance, peut sommeiller durant
des années, puis se développer progressivement
et devenir débilitante. Voici certains des déclencheurs
habituels :
- Un changement important ou marquant tel qu'un mariage,
un décès ou un nouvel emploi
- L'usage de drogues illicites ou une consommation
excessive d'alcool
- Un épisode dépressif
- Un épisode anxieux
- Dans de rares cas, une maladie physique
Quels en sont les symptômes?
Le TOC est parfois difficile à détecter
: bien que la plupart des victimes savent qu'elles en
souffrent, la gêne d'être pris en flagrant
délit les incite à camoufler les symptômes.
En voici quelques-uns :
Les rituels au moment d'entrer dans une pièce
: Y compris toucher la porte à certains
endroits au moment d'entrer ou éviter de mettre
le pied sur une fente du plancher.
Les obsessions concernant la propreté
et la nourriture : Les victimes du TOC sont
habituellement obsédées par les germes
et la saleté. Elles sont portées à
nettoyer le même objet encore et encore et le
plus petit désordre les rend terriblement mal
à l'aise. Les rituels alimentaires, par exemple
manipuler certains aliments d'une certaine façon
ou éviter certains d'entre eux, sont également
chose courante.
Une idée fixe à l'égard
de la perfection : Les victimes du TOC passent
énormément de temps à replacer
des objets afin de les rendre parfaitement symétriques
ou de les faire correspondre à un certain ordre,
et elles deviennent agitées dès que l'un
d'entre eux est déplacé.
Des vérifications répétées
: L'une des principales caractéristiques
de la maladie, c'est que les victimes ressentent le
besoin de reproduire un geste plusieurs fois. Elles
vérifient l'heure constamment, fouillent dans
leurs poches ou répètent la même
phrase plusieurs fois.
Un comportement contrôlant :
Parce qu'elles ont besoin que les objets soient disposés
selon un certain ordre, les victimes du TOC forcent
souvent les gens à se conformer à leurs
directives et elles se mettent en colère si leurs
ordres ne sont pas respectés.
Une faible estime de soi : Plusieurs
victimes sont conscientes des effets dévastateurs
du TOC. Cette prise de conscience peut affecter leur
assurance et graduellement miner leur confiance en soi.
Un problème de santé :
Le TOC est aussi lié à l'hypocondrie,
la peur d'être malade, à la dysmorphophobie,
la crainte que son propre corps soit difforme, et au
syndrome Gilles de La Tourette, un trouble neurologique
caractérisé par des tics involontaires
ou expressions de sons qui se produisent de façon
répétée.
Demander de l'aide
Si vous pensez souffrir d'un TOC, il est indispensable
de consulter immédiatement un spécialiste
qui posera un diagnostic s'il y a lieu. Bien qu'il existe
plusieurs traitements efficaces, si le TOC n'est pas
traité, le comportement compulsif pourra s'aggraver
considérablement.
Vous craignez qu'un être cher souffre
d'un TOC sans en parler? Encouragez votre
ami ou votre parent à consulter un professionnel.
Bien que vous puissiez apporter un certain réconfort
émotionnel, la volonté et l'amitié
ne peuvent guérir un TOC. Faites comprendre à
la personne que vous aimez que seule la médecine
l'aidera à se rétablir.
Traitement
Bien que les TOC ne puissent être guéris,
plusieurs traitements permettent de les traiter avec
efficacité.
La thérapie comportementale et cognitive
: Celle-ci a pour but de modifier un comportement
qui gâche la vie de la personne en visant les
croyances et le processus de pensée à
l'origine de la maladie. Les patients commencent par
dresser la liste de leurs anxiétés, de
la plus faible à la plus intense, puis les confrontent
dans un environnement encadré et apprennent graduellement
à réagir à une obsession de façon
constructive.
Les médicaments : Plusieurs
médicaments ont démontré leur efficacité
dans le traitement des TOC, lorsqu'ils sont jumelés
à une thérapie comportementale. Ces médicaments
sont, entre autres, le Prozac et le Zoloft, qui aident
le cerveau à mieux utiliser la sérotonine.
Les remèdes naturels : Le
millepertuis, reconnu pour ses valeurs curatives dans
les cas de dépression, possède aussi une
certaine efficacité dans le traitement des TOC.
La chirurgie du cerveau : Lorsque
la thérapie et les médicaments ne donnent
pas de bons résultats, la chirurgie du cerveau
est parfois le dernier recours. Bien qu'elle réussisse
à améliorer la vie du tiers des patients,
le risque de conséquences indésirables
est assez grand.
Le trouble obsessionnel compulsif est souvent appelé
la maladie du doute. Peu importe le nombre de fois où
le geste est posé, la victime de TOC se dira
toujours : « Peut-être que… Il
reste peut-être de la poussière…
Il reste peut-être une marque… Et si le
pire se produisait? »
Il existe des moyens de contrer les compulsions destructives
du TOC. La meilleure façon d'empêcher ce
trouble de prendre des proportions difficiles à
contrôler consiste à s'y attaquer avant
que cela se produise. Pour réduire à néant
les effets débilitants du TOC et retrouver la
paix et la santé, la première chose à
faire est de consulter un professionnel de la médecine
spécialisé dans ce domaine.
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